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Patrick Lyard, loueur d'alambic ambulant

alambicA la belle saison, il pilote avec son frère Guy d’impressionnantes moissonneuses batteuses ou de rutilants tracteurs pour effectuer de gros travaux agricoles pour le compte d’agriculteurs de la région. En hiver, ces mêmes tracteurs, équipés d’une lame, déneigent les routes et les chemins de la commune. Mais dès le mois de décembre, Patrick Lyard change de casquette et devient «loueur d’alambic ambulant».

Depuis 1964, son alambic fabriqué en 1928 à Aix-les-Bains parcourt les routes du nord de la Haute-Savoie et de l’Ain pour proposer ses services aux « bouilleurs de cru », c'est-à-dire aux particuliers qui amènent leurs tonneaux de fruits fermentés à distiller.

« Je travaille essentiellement avec de la poire, de la prune, de la pomme et de la cerise, explique Patrick Lyard. De temps en temps, je fais aussi un peu de gentiane. Ce qui fait la qualité d’une bonne eau de vie, c’est la préparation. Il faut des fruits sains et bien mûrs, qui vont fermenter dans des tonneaux étanches. Le principe de fonctionnement est assez simple, on verse les fruits fermentés dans la cuve en cuivre où ils sont chauffés par le générateur. Les vapeurs d’alcool montent alors dans les vases et circulent dans les tuyaux de cuivre qui parcourent la machine. Arrivées dans la grande cuve à l’extrémité de l’alambic, ces vapeurs passent à l’intérieur d’un long serpentin qui zigzague dans une cuve d’eau froide. Au contact du métal refroidi, les vapeurs se transforment en un filet d’eau-de-vie qui est précautionneusement récupéré dans un grand récipient en cuivre. L’eau-de-vie distillée dans la région tourne en général autour de 45°, c’est un bon degré qui met en valeur l’arôme du fruit ».

Sa clientèle est majoritairement composée de bouilleurs bénéficiant des fameux «privilèges», donnant le droit de distiller jusqu’àmise-bouteille 1000 degrés d’alcool (environ 22 bouteilles d’un litre) sans payer de taxe à l’État. Ce « privilège » du bouilleur de cru remonte à Napoléon Bonaparte qui accorda cette exonération de taxes pour la distillation de dix litres d'alcool pur (ou vingt litres d'alcool à 50°). Il fut héréditaire jusqu'en 1960, date à laquelle le législateur en interdit la transmission entre générations, seul le conjoint survivant pouvait en bénéficier jusqu'à sa propre mort, mais plus aucun descendant. Cette mesure avait pour objectif de tenter de limiter le fléau de l'alcoolisme dans les campagnes, mais elle avait été aussi prise sous la pression des lobbies de l’industrie française des alcools forts.

Quant à l’alambic de la Maison Lyard, il effectue chaque année durant les trois mois que dure la saison, un long périple à la rencontre de près de 400 bouilleurs de cru, dont il distille la production, pour fabriquer  la « gnôle », une boisson d’homme à consommer avec modération !

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