L'Eglise et le clocher de Vers


 Après adjudication, les travaux seront confiés à François Burnier, entrepreneur-maçon à Viry, assisté des charpentiers Jean-Antoine Sallaz, de Copponex, Antoine Jacquet, de Cruseilles, et du ferblantier Louis Gantoy, de Saint-Julien. Les chênes constituant la charpente seront fournis par un certain Berthier, aubergiste à Allonzier-la-Caille, et un dénommé Gallay, habitant à Cernex.
Pour récolter les fonds nécessaires à ce chantier d’envergure, le Conseil entreprendra plusieurs démarches : envoi d'une demande au roi de Piémont-Sardaigne pour l’aliénation d'une vieille dette publique ; demande, par la voie paroissiale, d'une donation d’un fonds ecclésiastique, vente d’un bois de sapins situé au Mont-Sion. Malgré un apport supplémentaire inattendu sous la forme d’un don de 1150 livres offert par sa sainteté le pape en personne depuis le Vatican, la totalité des fonds récoltés ne couvrent pas le montant des travaux programmés.  Le Conseil aura donc recours une nouvelle fois à la pratique de la corvée.
Comme à l’habitude, une partie de la population est priée de fournir et de livrer les matériaux sur le chantier, mais aussi d’aider les ouvriers. Si beaucoup d’habitants se montrent coopératifs – à l’image d’un certain Claude Vincent qui s’engagea à transporter tout le sable nécessaire à la construction de l’édifice – soixante-quatorze personnes refusent de participer aux corvées. Elles y seront finalement contraintes par la loi et la construction du nouveau clocher sera achevée en 1840. Il aura coûté à la commune plus de 7000 livres.

eglise-ancienneTrente ans plus tard, Ignace Monnet, architecte du diocèse, est mandaté par la commune pour réaliser les plans de la nouvelle église. Si le clocher datant de la période sarde était de style néo-classique, le nouvel édifice sera « à la mode française », c'est-à-dire néo-gothique ! Les travaux seront effectués par les entreprises Falleti, de la Roche-sur-Foron, et Mosca, de Bonneville. A nouveau, la commune manquera d’argent et sollicitera l’aide de la population  pour participer aux corvées. Beaucoup de gens refuseront, mais la loi ayant évolué, le Conseil ne pourra pas les contraindre à travailler pour la commune et devra contracter un emprunt supplémentaire pour financer les livraisons de matériaux sur le chantier. Le curé Guindin stigmatisera à cette occasion le peu de foi de certains de ses paroissiens.
La nouvelle église, bâtie en forme de croix latine, est située sur un axe nord-sud alors que la précédente était placée au même endroit sur un axe est-ouest. Elle repose sur des fondations en granit et sera achevée en 1870. Sa construction aura coûté la somme de 24.747 francs. Un montant trop élevé pour la commune qui ne pourra honorer certains de ses engagements. Il faudra attendre 1877 et deux subventions de l’Etat de 2500 et 9000 francs pour pouvoir enfin régler le solde des travaux aux entrepreneurs.  
C’est en 1887 que Monseigneur Isoard, évêque d'Annecy, consacrera l'église de Vers sous le vocable de « Notre-Dame de la Nativité ».

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