Gaz de schiste, la vigilance s'impose

date22/11/2011  user D.ERNST

carte-gds-permisA l’époque, l’information est un peu passée inaperçue, mais le permis de recherches de gaz de schiste « M615 Gex », octroyé le 28 mai 2009 pour cinq ans par le gouvernement français au consortium anglo-américain eCorp comprend dans son périmètre de 932 km2 le territoire du canton de Saint-Julien-en-Genevois.

Cette information, ainsi que les risques liés à l’exploitation du gaz de schiste, ont été récemment présentés aux élus du Syndicat intercommunal d’aménagement du Vuache (SIAV) par plusieurs membres du collectif « Non au Gaz de Schiste – Haute-Savoie » lors d’un comité syndical qui s’est tenu à la mairie de Viry.

Avant d’évoquer plus en détail cette situation locale, il convient de rappeler ce qu’est le gaz de schiste et comment il est exploité. Contrairement au gaz conventionnel, qui est retenu, de façon concentrée, dans une « poche » sous une couche imperméable, le gaz de schiste est emprisonné sous forme de millions de petites bulles dans une roche très dure située entre 2500 et 4000 mètres de profondeur. Pour extraire ce gaz de schiste, les pétroliers utilisent la technique de la fracturation hydraulique, qui consiste à envoyer à très haute pression (600 bars) un liquide composé d’eau, de sable et d’adjuvants chimiques très polluants, afin de créer des microfissures dans la roche, par lesquelles le gaz s’échappera et sera pompé vers la surface avec une partie du liquide de fracturation.
Utilisée aux Etats-Unis depuis une dizaine d’années, cette technique s’est révélée être une catastrophe écologique et sanitaire. Outre le fait qu’il faut utiliser entre 15 000 et 20 000 m2 d’eau par puits, dont 1 m2 de produits chimiques (aux Etats-Unis, un champ d’exploitation compte généralement une centaine de puits),  les propriétaires américains qui ont accepté des forages sur leur terrain en échange d'un joli chèque s’en mordent aujourd'hui les doigts. Ils se retrouvent avec des nappes phréatiques polluées, de l'eau plus vraiment potable parfumée au méthane ou au benzène, une noria infernale de camions, sans compter les problèmes de santé publique.

En France, où le Code Minier fait que l’Etat est le seul organe compétent pour délivrer les autorisations de forer et d’exploiter, 61 permis d’exploration du gaz de schiste ont été délivrés à des compagnies pétrolières. Des tentatives de forage ont notamment eu lieu dans la Drôme et en Ardèche, vite stoppées par une impressionnante mobilisation citoyenne où les élus étaient aux premiers rangs.
Face à cette levée de boucliers, le gouvernement a promulgué le 13 juillet 2011 une loi interdisant l’exploitation du gaz de schiste par fracturation hydraulique. Mais cette loi n’empêche pas l’emploi d’une autre technique, qui à priori n’existe pas à ce jour, pour des forages à des fins de recherches scientifiques.
Pour les membres du collectif présents lors de la réunion de Viry, il convient d’être vigilants dans notre secteur. Selon eux, le consortium titulaire du permis « M615 Gex » aurait l’intention de réaliser un forage en 2012 et s’intéresserait particulièrement au secteur entre Vuache et Salève, et notamment aux anciens forages réalisés dans les années 1950 à Viry (Humilly, 2 puits), Vers (Bellossy) et, hors du canton, à Musièges. Ces sites présenteraient l’avantage d’offrir une connaissance précise du sous-sol du secteur, mais aussi d’avoir des puits de près de mille mètres de profondeur déjà forés.
Même si la probabilité que des compagnies pétrolières transforment le canton de Saint-Julien en un vaste champ de derricks ravageurs de sous-sol est peu probable, les membres du SIAV ont estimé qu’il était important qu’élus et citoyens de ce territoire restent vigilants sur cette problématique.

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